Les gens sourds d’une oreille à la naissance recherchent rarement l’aide de professionnels de la santé auditive. Ceux qui en revanche perdent soudain toute leur audition dans une oreille sont plus enclins à s’intéresser aux technologies auditives disponibles.
Une récente étude menée par une équipe de l’université Aston en Angleterre s’est posé la question suivante. « Comment les patients choisissent-ils le type d’intervention qui leur convient en cas de surdité unilatérale ? ». Les chercheurs sont partis du principe que n’entendre que d’une oreille posait nécessairement des difficultés de communication. Vu le nombre de technologies auditives disponibles, ils ont donc voulu savoir comment les personnes concernées s’y prenaient pour orienter leur choix. Nous nous sommes intéressés aux résultats de leurs recherches.
Huit participants ont été recrutés au sein du service audiologique du Portsmouth Hospitals University NHS Trust en Angleterre. Les participants utilisaient, prévoyaient d’utiliser ou avaient déjà eu l’occasion d’utiliser l’une des technologies auditives proposées aux personnes souffrant de surdité unilatérale. Ces technologies incluaient des aides auditives classiques, une aide auditive à ancrage osseux ainsi qu’un système CROS. Aucun participant ne possédait d’implant cochléaire.
Les entretiens étaient semi-directifs avec des questions ouvertes utilisées en guise d’invites :
L’étude a révélé que les participants interrogés réajustaient régulièrement leurs avis quant au dispositif le plus adapté à leur perte auditive unilatérale. Leurs décisions dépendaient notamment de leurs expériences antérieures et de tout un panel d’autres facteurs. Avec le temps, leurs priorités évoluent et diffèrent par exemple entre le moment où ils sont en activité et celui où ils partent à la retraite.
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Commentant leurs découvertes, les chercheurs ont observé la chose suivante. « Tous les participants ont évoqué une évaluation continue des risques et bénéfices. Cela impliquait la comparaison entre l’inconfort physique, la praticité des aides auditives ainsi que le gain retiré de leur usage ».
De plus, les risques et avantages de l’implantation chirurgicale d’un dispositif à conduction osseuse ont également été abordés.
« Les participants ayant déjà vécu des expériences de chirurgie importante étaient moins négatifs concernant les risques et la gravité perçue ». La chirurgie était toutefois envisagée comme le dernier recours.
En outre, trois des participants ont décrit l’utilisation des aides auditives comme la voie d’un retour « à la normalité ». Les chercheurs expliquent que « pour ces participants, le désir « d’être normal » constitue un élément moteur dans leur envie d’explorer et d’utiliser des aides auditives ».
L’accès à l’information était en effet essentiel au processus de décision des participants. Ils ont souligné que l’information n’était bien souvent « disponible que lorsqu’ils avaient déjà un pied dans leur parcours de soins auditifs ». Tous les participants « utilisaient un jargon médical » pour décrire leur perte auditive et les types d’interventions. Leurs informations provenaient de cliniciens, d’organismes caritatifs, de pairs et de groupes de soutien physiques et en ligne. Pour finir, ils étaient tous désireux d’obtenir des informations sur l’ensemble des options à leur disposition.
Les participants ont exprimé leurs inquiétudes quant à la visibilité des dispositifs auditifs et au regard des autres. L’étude détaille les compromis auxquels les participants ont dû réfléchir. Efficacité de leur technologie actuelle, bénéfice perçu offert par une technologie différente, jugement social, apparence et stigmatisation.
Les chercheurs rapportent « les participants ont explicitement identifié l’efficacité des aides auditives comme objectif principal de leur utilisation ».
Les deux participants dotés d’un implant BAHA™ ont affirmé que celui-ci procurait de vrais bénéfices. Même si l’un d’entre eux avait dû se le faire enlever en raison d’une infection.
S’agissant des aides CROS, les participants ont déclaré : « géniales… une vraie révélation ». « Elles aident vraiment, rien d’autre à ajouter ».
Cette étude offre un nouvel éclairage concernant l’impact des expériences personnelles sur la prise de décision. Elle met en lumière la nature complexe du processus décisionnel. Et identifie la nécessité pour les personnes atteintes de surdité unilatérale d’accéder à l’information.