Mes enfants ne peuvent pas écouter de la musique sur un iPod comme leurs amis. Ils ne peuvent pas me tourner le dos lorsqu’ils me parlent. De même, ils ne doivent rien avoir dans la bouche, sinon je ne peux pas les comprendre. Et cela ne leur sert à rien de crier « Maman ! » depuis l’autre bout de la maison en pensant que je vais leur répondre.
Je ne les entends pas. Je suis leur mère, je les aime mais je suis atteinte de perte auditive.
J’ai commencé à mal entendre vers 20 ans. Un héritage familial, du côté de mon père. Lorsque mon aîné a vu le jour, j’avais déjà probablement besoin d’aides auditives mais j’étais dans le déni. Lorsque mon fils est né, deux ans plus tard, je portais consciencieusement mes aides auditives au travail mais jamais à la maison. Mes enfants ont grandi, ma déficience aussi. Il m’a fallu l’accepter et porter mes aides en permanence. Et heureusement que je l’ai fait, sans quoi je serais passée à côté de quantité de choses !
Tant que mes enfants ont été tout petits, cela a été facile de gérer ma perte auditive et d’assumer mon rôle de mère. J’utilisais des babyphones lorsqu’ils faisaient la sieste et je m’arrangeais toujours pour les avoir à portée de main. Mes enfants ne pouvaient pas encore s’échapper dans une autre pièce si j’avais le dos tourné. Mais ils ont vite grandi et commencé à explorer le monde. Il m’a fallu redoubler de vigilance et garder un œil sur eux, à défaut de pouvoir tendre l’oreille.
Lorsque le babyphone est tombé en panne, la nuit est devenue le moment le plus angoissant pour moi. Je ne pouvais pas les entendre appeler ni pleurer. S’ils appelaient parce qu’ils avaient soif ou fait un mauvais rêve, je devais m’en remettre à mon mari. Je me réveillais parfois lorsqu’il se levait mais pas toujours. Alors, quand il était en déplacement, j’étais nerveuse — seule dans le silence, à me demander si tout allait bien de l’autre côté de la maison.
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J’ai pensé à réinstaller les babyphones, ce que j’ai fait un temps, avant de les retirer car trop indiscrets à mon goût. Aujourd’hui, mes enfants sont plus grands. Ils savent que s’ils ont besoin de moi au milieu de la nuit, ils doivent venir me voir — faute de pouvoir m’appeler. Mes enfants sont en partie la raison pour laquelle j’ai choisi de porter des aides auditives Lyric, car je peux les entendre 24h/24, 7j/7 — même lorsque je dors. Si je me sens toujours un peu inquiète, cela aide.
Dans la mesure où ma déficience auditive est génétique, je crains de l’avoir transmise à mes enfants et je fais donc tout ce qui est en mon pouvoir aujourd’hui pour protéger leur audition. Au cas où, comme moi, ils en souffriraient à l’âge adulte. D’où la règle ‘zéro iPod’. Ils peuvent écouter de la musique tant qu’ils veulent — mais pas avec des écouteurs qui abîment les délicates parties de leurs oreilles internes. Et lors de soirées ou de concerts, ils ont OBLIGATION de porter des bouchons d’oreille. Jusqu’à présent, j’ai eu de la chance, ils le font mais je sais que cela risque de devenir difficile lorsqu’ils seront des ados confirmés.
Parfois, mes enfants sont étonnés de ce que je parviens à entendre, notamment lorsqu’ils préparent une bêtise. Ma perte se concentre dans les fréquences moyennes mais mon audition des aigus est presque parfaite. Il m’est parfois plus facile d’entendre un murmure haut perché qu’un discours prononcé d’une voix normale. Comme je lis également sur les lèvres, il faut qu’ils soient hors de portée de vue et de voix s’ils veulent comploter en douce.
Je me demande souvent si cela gêne mes enfants d’avoir une maman qui ne peut pas toujours les entendre. Lorsque je leur en parle, la question ne semble même pas avoir de sens. Ils n’ont jamais rien connu d’autre. J’espère que mon expérience leur fera prendre conscience qu’aucune contrainte physique ne peut empêcher d’atteindre ce qui est important. Et rien n’est plus important pour moi que mes enfants.
Vous avez du mal à entendre vos enfants ? Racontez-nous votre histoire !