Depuis lors, la vie a changé à bien des égards. Quand le gouvernement s’est mis à recommander le port du masque en public, j’ai soudain réalisé à quel point je comptais sur la lecture labiale et sur le fait de voir le visage des gens pour réussir à communiquer efficacement. Il y a toutefois un aspect auquel je n’avais pas vraiment réfléchi : l’école et le contexte de la classe. Il ne m’était pas venu à l’esprit que lorsque l’université reprendrait, beaucoup d’entre nous seraient de retour sur le campus. Mais avec des masques qui poseraient encore plus de difficultés à la communauté sourde et malentendante.
Ayant souffert de perte auditive toute ma vie, j’ai appris à m’adapter à des situations et environnements variés. Heureusement, la technologie m’aide considérablement. Je peux régler les paramètres de mon aide auditive Phonak pour m’adapter à mon environnement, me servir de mon système FM (vous pouvez aussi utiliser un microphone déporté) qui transmet le son et les paroles directement à mon aide auditive, sans parler du sous-titrage des vidéos. Tous ces outils contribuent à mon épanouissement, surtout en milieu scolaire.
L’école peut poser différents problèmes aux personnes malentendantes. J’ai testé l’enseignement en présentiel et en ligne et me suis bien adaptée dans les deux cas en utilisant divers accessoires et technologies pour surmonter les éventuelles difficultés. Malgré tout, lorsque j’ai appris que nous allions tous retourner sur le campus et qu’étudiants comme enseignants porteraient des masques, j’ai commencé à penser à quoi les cours allaient ressembler. Et aux difficultés que cela pourrait créer.
Chaque personne malentendante doit surmonter des difficultés qui lui sont propres. Impossible de trouver deux personnes ayant vécu exactement les mêmes expériences et affronté les mêmes difficultés au cours de leur parcours éducatif. Elles rencontrent toutefois certains obstacles similaires.
Leurs principales difficultés à l’école sont :
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Ce ne sont là que quelques-unes des difficultés que doivent surmonter les étudiants malentendants en classe. Comme je l’ai dit précédemment, certaines personnes rencontreront peut-être des obstacles très différents. Que se passe-t-il toutefois si on ajoute les masques et la distanciation sociale au tableau ?
Réfléchissez à la dernière difficulté mentionnée plus haut concernant le fait de ne pas pouvoir voir le visage ou les lèvres de l’enseignant. Après plusieurs mois à vivre avec les masques, nous savons désormais que même les personnes qui n’ont pas de problème d’audition s’appuient sur les indices visuels et la lecture labiale pour communiquer. En quoi la classe pourrait-elle bien avoir changé ?
C’est exactement ce que je me suis dit au début. Je pensais qu’il me suffirait de prendre les astuces que j’ai utilisées ces derniers mois, et de les appliquer en classe. Le problème, c’est que le port du masque affecte aussi la technologie que j’utilise en cours.
Le masque étouffe les paroles et rend de nombreux sons beaucoup moins clairs. Alors j’ai fait un test. J’ai pris mon système FM personnel, celui que je confie parfois à mes enseignants et qui transmet le son directement à mes aides auditives. J’ai pensé que cela pourrait bien être une solution pour mieux entendre malgré le masque.
Sauf que ça n’a pas vraiment fonctionné. Ce que j’ai découvert en revanche, c’est que dans la mesure où le masque étouffe les paroles, le microphone ne capte que des paroles étouffées. Il les amplifie et les transmet à mes aides auditives. Résultat : j’ai toujours du mal à entendre et à comprendre bon nombre de sons.
Mes deux principaux outils sont donc beaucoup moins efficaces que d’habitude dans un contexte de classe qui impose le masque et la distanciation sociale.
Je me suis mise à réfléchir aux moyens de m’adapter aux masques à l’université pour pallier les difficulté. Et éviter de rater quoi que ce soit pendant les cours importants.
Mon campus a envisagé l’usage de visières de protection transparentes pour que nous puissions voir les visages de chacun, ce qui faciliterait la lecture labiale. Il me semble que c’est une solution géniale pour tout le monde, pas seulement pour la communauté sourde et malentendante. Néanmoins, cela ne résout pas tout. Car en classe, l’enseignant se déplace souvent et ne vous fait pas toujours directement face.
Si vous êtes étudiant et que vous rencontrez ce genre de problèmes, parlez à vos professeurs, au responsable en charge des questions d’accessibilité, au coordinateur relations étudiants ou bien à tout autre membre du corps enseignant qui peut vous aider à surmonter ces obstacles. N’ayez pas peur d’anticiper les choses en amont. Pour que l’heure venue, vous, vos professeurs et vos pairs soyez préparés. Voici quelques-uns des points pratiques que vous pouvez aborder :
Cette période de grands changements, d’incertitudes et de circonstances peu idéales peut réellement poser des problèmes inédits à tout le monde. Mais surtout aux personnes sourdes et malentendantes. Il existe toutefois des moyens de s’en sortir. En sensibilisant la communauté aux difficultés que nous rencontrons et à nos besoins, nous pouvons réussir à nous adapter à cette « nouvelle normalité ».