Être sportif professionnel avec une perte auditive

Cyril Dessel, ambassadeur Phonak depuis quelques mois, est un ancien sportif professionnel. Malentendant depuis sa naissance, il a vécu toute sa carrière de sportif professionnel avec une perte auditive. Il nous dévoile l’impact de cette perte auditive sur sa vie de cycliste de haut niveau.

Bonjour Cyril,

Pouvez-vous nous raconter votre parcours de sportif professionnel ?

• Je suis passé professionnel en 2000 après un cursus dans les rangs amateur ou j’ai été sacré champion de France Individuel dans la catégorie espoir en 1996. J’ai été sportif professionnel durant 12 ans pour plusieurs équipes cyclistes. J’ai couru 5 Tour de France : j’ai été maillot jaune une journée et 6^ème du classement général (1^er Français) en 2006, j’ai aussi remporté une victoire d’étape en 2008 et été 2 fois 2^ème d’étape. J’ai aussi participé à 4 Tour d’Espagne, 1 Tour d’Italie, j’ai participé aux Jeux Olympique de Pékin en 2008. J’ai également participé aux Championnats du Monde de Vérone en 2004 et de Salzburg en 2006, Enfin, j’ai été vice-champion de France en 2004.

Quel impact a eu votre perte auditive sur votre carrière de cycliste ?

• J’ai toujours essayé de faire abstraction de ma perte auditive, pour qu’elle impacte le moins possible ma carrière de sportif professionnel. J’essayais d’agir et de penser comme si je n’avais pas ce « handicap ». Ainsi, elle n’a pas influencé mon évolution dans le milieu sportif. Ou alors je ne m’en suis pas rendu compte. J’ai pu réaliser tout ce que je voulais faire sportivement. Parfois, ma perte auditive m’a même aidé à être plus concentré dans certains environnements bruyants.

Portiez-vous des aides auditives pendant les courses ou les entraînements ?

• J’ai essayé de porter des aides auditives pendant une période, notamment à l’entraînement. Mais avec le bruit du vent, je ne ressentait pas de réelle amélioration. De plus, pendant les courses nous devions porter une oreillette et une radio pour pouvoir communiquer avec notre directeur sportif. Difficile donc d’ajouter en plus des aides auditives à ce dispositif. J’ai pourtant essayé, mais cela n’était pas concluant. Bien qu’elles me soient indispensables dans ma vie personnelle, je ne les portait pas lorsque je montais sur mon vélo.

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Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées ? Comment les avez-vous surmontées ?

• En course, les dangers sont signalés par des Gardes républicains ou des équipes techniques qui agitent un drapeau jaune et qui sifflent avec un sifflet. Je n’ai jamais entendu le sifflet et cela m’a probablement obligé à avoir une attention visuelle supérieure aux autres coureurs du peloton afin d’anticiper les dangers (comme les aménagements routiers…). Mais ma perte auditive ne m’a pas spécialement apporté de difficulté pendant les courses et les entraînements.

Avez-vous des anecdotes ou des moments marquants que vous souhaiteriez nous partager ?

• Comme je l’indiquais précédemment, j’ai toujours fait en sorte d’agir comme si je n’avais pas de perte auditive dans ma carrière de sportif professionnel. Dans le sport de haut niveau, la confiance joue un rôle majeur sur les performances et les résultats. Et penser à sa perte auditive n’est pas bon pour la confiance ! Donc comme j’en faisais complètement abstraction, aucun moment sportif en lien avec ma perte auditive ne m’a marqué.

Un message que vous voudriez transmettre ?

• Des solutions existent aujourd’hui pour corriger toutes les pertes auditives. Il faut consulter un professionnel sans attendre afin de profiter en toute circonstance de la vie dans tous les milieux : sociaux, culturels ou sportifs.

Merci Cyril !