silence
(Etre capable d’) Entendre le silence
16 février 2022
vie active
Mener une vie active malgré ses problèmes auditifs, interview croisée d’ambassadeurs.
28 février 2022

La petite histoire des aides auditives.

histoire aides auditives 4
Lorsqu’on pense aux aides auditives aujourd’hui, toute une série d’images nous vient aussitôt à l’esprit. Cela va de l’aide auditive surdimensionnée beige de grand-mère au dispositif high-tech coloré pour enfant en passant par l’implant cochléaire d’un inconnu croisé à l’épicerie.  En se penchant sur l’histoire des aides auditives, on s’aperçoit que la technologie a en réalité fait bien du chemin au fil du temps. 

Cet article résume brièvement une partie de l’histoire des aides auditives.

L’histoire des aides auditives dans toute sa diversité

histoire aides auditives 1Si vous interrogez les gens sur l’histoire des aides auditives, ils visualiseront sans doute automatiquement ces prothèses à transistor encombrantes des années 1960-70 attachées à l’aide d’une pince ou d’un cordon autour du cou. Ou peut-être penseront-ils à un système plus archaïque comme le cornet acoustique.

Les cornets acoustiques ont en effet été utilisés dans tellement de films, dessins animés et caricatures de personnes sourdes qu’ils sont devenus une sorte d’archétype de la façon de représenter la perte auditive.

Pourtant, l’histoire des aides auditives est incroyablement plus diverse encore. On peut même y voir une forme d’art scientifique. Il n’existe aucune archive historique précise qui permette de savoir à quand remontent exactement les plus anciens dispositifs d’aide à l’audition. Nous savons en revanche qu’il en existait à l’origine de deux types différents. Les premiers étaient destinés aux personnes sourdes, tandis que les autres permettaient d’entendre sur de grandes distances (sur de vastes terrains de chasse, au cours de batailles ou bien en mer par exemple).

« L’histoire des aides auditives est incroyablement diverse. »

 

Dans l’Antiquité

Dans sa célèbre œuvre littéraire intitulée L’Iliade, Homère mentionne un porte-voix (en 850 avant notre ère). Les archives montrent qu’Alexandre le Grand utilisait une corne suspendue pour s’adresser aux chasseurs réunis en grande assemblée. La description du porte-voix d’Alexandre est intéressante, car elle n’est pas sans rappeler le cornet acoustique, quoiqu’en beaucoup plus grand. Ce porte-voix était fabriqué à l’aide de deux cornes entortillées et jointes en cercle avec un tube de sortie unique du son. L’ouverture d’entrée avait la forme d’un pavillon conçu pour recevoir le son.

Dans l’Antiquité également, le son était utilisé dans la construction de certaines prisons, notamment celles pourvues d’un élément architectural appelé « Dôme de Dionysos ». On le voit notamment dans l’opéra de Richard Strauss Salomé. Les prisonniers étaient logés dans des donjons dotés de plafonds en forme de dômes. Tout ce qui y était dit parvenait ainsi aux oreilles de ceux qui écoutaient au-dessus. Avant l’ère chrétienne, les Grecs anciens se servaient de grands coquillages pour mieux entendre. On aurait par ailleurs sûrement découvert par hasard qu’utilisées à l’envers, les premières trompettes musicales contribuaient à améliorer l’audition.

 

Les tubes acoustiques

Au XVIIe siècle, les couples puritains qui se faisaient la cour utilisaient des tubes pour se parler et s’écouter à une distance respectable. Leur religion stricte n’autorisait en effet pas les contacts rapprochés avant le mariage. À cette époque, les dispositifs utilisés sont surtout des instruments en forme d’entonnoirs auditifs. Ils incluaient souvent encore les trompes de chasse. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la surdité a enfin commencé à être considérée sous l’angle médical.

Malgré cela, il fallut encore du temps pour que cette science soit vraiment prise au sérieux comme en atteste cette déclaration pas si ancienne de Sir William Wilde (1815-1876), spécialiste de la sphère ORL et accessoirement père d’Oscar Wilde, le célèbre écrivain et grand esprit victorien.

« Il existe deux sortes de surdité. L’une est due au cérumen et peut être guérie, tandis que l’autre n’est pas due au cérumen et ne peut pas être guérie. »

Les cornets acoustiques 

Les cornets acoustiques étaient réservés aux riches. Les pauvres n’avaient d’autre choix que de s’en passer, car il n’existait à l’époque aucun dispositif d’aide aux soins pour les personnes sourdes. Johann Maelzel, à qui l’on attribue parfois l’invention du métronome, chercha par tous les moyens à créer un cornet acoustique de qualité pour Beethoven. En signe de gratitude et de reconnaissance, Beethoven écrivit une musique imitant la pulsation de l’instrument de mesure du tempo, en hommage à son inventeur. Hélas, aucun des cornets n’aida jamais réellement le compositeur.

Le fauteuil acoustique

histoire aides auditives 2

Les tubes acoustiques différaient des cornets en ce qu’ils étaient composés d’un tuyau flexible. On pensait que cela permettait de se rapprocher du locuteur. Le fauteuil acoustique est sans doute la déclinaison la plus intéressante du tube acoustique.

L’image de la BBC présentée en exemple en montre l’une des versions les plus luxueuses jamais fabriquées. Ce fauteuil est l’œuvre du créateur Frederick C. Rein réalisée en 1819 pour le roi sourd João VI du Portugal. Les accoudoirs du trône se terminent en gueules de lion ouvertes. Les courtisans devaient s’agenouiller et parler directement à l’intérieur de ceux-ci pendant que le roi les écoutait attentivement grâce à son tube.

 

Des dispositifs discrets

Plus tard, Frederick Rein poursuivit son travail et commercialisa la première aide auditive sur le marché, un cornet acoustique rétractable. Il chercha ensuite à rendre les dispositifs plus esthétiques et discrets en les plaçant sur des bandeaux que l’on pouvait dissimuler sous ses cheveux. Mus par cette idée de camoufler au mieux les aides auditives, on en développa alors différents styles. On les fixait sur des jumelles, des lunettes et même sur des lorgnettes. Certaines aides en forme de croissant étaient même munies d’un récepteur caché sous le menton et d’écouteurs allant jusqu’aux oreilles. Elles étaient conçues pour le gentilhomme victorien, qui pouvait ainsi les dissimuler sous sa barbe et ses rouflaquettes. Ce dernier pouvait aussi choisir d’utiliser une canne dotée d’un récepteur en partie caché dans le pommeau.

Les dames pouvaient, quant à elles, opter pour un bonnet acoustique en dentelles et plumes délicates. Ces atours masquaient adroitement les tubes auditifs. L’éventail acoustique participait du même principe. Discret, il se confondait avec un éventail classique et fonctionnait tout à fait normalement. Il renfermait simplement à l’une de ses extrémités le précieux tube acoustique. L’éventail en mouvement jouait en réalité le rôle de récepteur.

Les dispositifs à conduction osseuse

Notons au passage qu’à un certain stade de l’histoire des aides auditives, on tenta même de créer des cornets acoustiques en forme d’oreilles d’animaux. L’idée de départ reposait sur le fait que certains animaux à l’instar des lapins ont naturellement de grandes oreilles sans doute propices à la transmission du son.

Les dispositifs à conduction osseuse, de leur côté, ne datent pas non plus d’hier. Ils utilisent le principe selon lequel l’énergie sonore fait vibrer les matériaux durs et fins. Un dispositif peut donc transmettre ces vibrations par l’intermédiaire des dents ou du crâne vers l’oreille. Les dents ou les os traversés par ces vibrations propagent alors des ondes fluides à l’oreille interne en contournant l’oreille moyenne souvent à l’origine du problème.

L’amplification électrique

En 1900, le Dr Ferdinand Alt de Vienne déposa le premier brevet relatif à un dispositif d’amplification électrique pour les sourds. Un an ou deux après s’ensuivit la première production commerciale d’aides auditives. Alexander Graham Bell, le célèbre inventeur du premier téléphone facile d’emploi dont la mère était sourde, mit lui aussi ses talents au service de cette cause et chercha à créer des moyens d’assistance à l’audition destinés aux malentendants. Dès 1872, il avait déjà conçu pour sa mère un émetteur, un récepteur ainsi qu’un système de pile. Plus tard, il mit au point une version plus puissante de son invention pour sa propre femme.

Début du 20e siècle

La période entre les années 1900 et 1920 fut cruciale pour l’avenir de la production d’aides auditives. Il y eut d’abord l’invention du microphone à charbon constitué de deux plaques séparées par des granules de charbon dont le mouvement amplifiait les signaux faibles.

Dans les années 1920 arriva le tube à vide, dont le fonctionnement était tout simplement unique. Le tube se composait d’une anode et d’une cathode. La cathode est un filament duquel s’échappe de la chaleur. L’anode, quant à elle, capte la chaleur dégagée. Lee De Forest ajouta une grille entre les deux, favorisant ainsi le contrôle du flux d’électrons. Ce dispositif astucieux permit de créer un système d’amplification.

Les transistors

C’est à l’aube des années 1950 que furent introduits les transistors. Plus stables que les tubes à vide, les transistors avaient l’avantage d’être dépourvus de filaments et de piles. Ils furent aussi la première étape vers la miniaturisation des aides auditives. Certains modèles se targuaient même d’offrir une réception radiophonique en option.

L’apparence standard classique de l’aide auditive moderne est née au cours des années 1950. On créa notamment le premier contour d’oreille (BTE), auquel furent intégrés des embouts ainsi qu’une pile. Particulièrement onéreux, ce style d’aide auditive miniature n’était toutefois pas à la portée de tous. La version standard était de la taille d’une petite radio de poche avec un écouteur fixé au bout d’un fil. Les aides auditives restèrent sous cette forme jusque dans les années 1980.

Les dispositifs modernes

histoire aides auditives 3

Les aides modernes peuvent donner l’impression de ressembler un peu à leurs lointaines cousines, mais leur technologie a beaucoup évolué en revanche. Pour commencer, vous ne trouverez plus aujourd’hui de modèles grossiers et encombrants. Les aides modernes sont extrêmement petites et légères, particulièrement discrètes et surtout très fiables. De nombreux modèles à l’instar des aides auditives Phonak Paradise peuvent se connecter au Bluetooth, possèdent des batteries intégrées et s’appuient sur une excellente technologie auditive.

L’aide auditive moderne standard se compose d’un microphone, d’un amplificateur pour augmenter le volume sonore et d’un récepteur pour transmettre le son au conduit auditif.

À lire également : Les aides auditives rechargeables – adieu les piles jetables !

Et voici résumé en quelques lignes l’histoire des aides auditives. Dieu merci, nous avons parcouru du chemin depuis le fauteuil acoustique !

PR Hilton
PR Hilton
Ambassadeur Phonak, Phil est un auteur, journaliste et thérapeute, vivant sur la belle côte du North Yorkshire avec sa femme Raine et leurs trois enfants. Phil a été diagnostiqué en 2016 d'une perte auditive neurosensorielle légère à modérée dans les deux oreilles et d'un acouphène. Il utilise les aides auditives Phonak avec réglage automatique du volume.