Les recherches menées par la faculté de médecine de l’Université du Maryland (UMSOM) ont mis en évidence une protéine dans les cellules ciliées de l’oreille. Une équipe a étudié le lien entre une protéine baptisée GFI1 et le développement des cellules ciliées de l’oreille. L’étude a été publiée dans le journal Development l’an passé. Un nouvel espoir de traitement.
Deux de ses auteurs déclarent que « la découverte pourrait être cruciale pour réussir à déterminer si une cellule ciliée embryonnaire évolue pour devenir une cellule ciliée adulte fonctionnelle ». Ou si elle « devient une cellule différente, qui opère davantage comme une cellule nerveuse ou un neurone ».
Ce type de cellules ciliées jouent un rôle majeur dans la capacité auditive. Elles sont responsables d’amplifier le son. Elles transforment également les ondes sonores en signaux électriques que le cerveau peut comprendre.
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Selon le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies, un individu ordinaire possède environ 16 000 cellules ciliées dans sa cochlée à la naissance. Environ 30 à 50 % de ces cellules peuvent subir des dommages avant qu’une détérioration de l’audition ne soit décelable lors des tests. À ce stade, il est alors trop tard pour protéger ces cellules. Une exposition continue à des bruits forts peut causer ce type de dommages.
Néanmoins, il arrive que certaines personnes naissent tout simplement dépourvues des cellules ciliées nécessaires. Elles souffrent alors de perte auditive dès leur plus jeune âge.
L’hôpital pour enfants de Boston explique : « De façon générale, les cellules ciliées de l’oreille interne convertissent les signaux de l’oreille moyenne en signaux électriques qui sont envoyés au cerveau. [Ils y sont alors] interprétés comme étant des paroles ou des sons. Un enfant est atteint de surdité de perception lorsque les cellules ciliées de son oreille interne sont endommagées. »
Cette corrélation entre cellules ciliées et perte auditive induit des recherches plus spécifiques. On essaie par exemple de savoir s’il est possible de créer de nouvelles cellules ciliées lorsque certaines ont été irrémédiablement endommagées.
Dans leur recherche de 2020, Ronna Hertzano et ses collègues ont étudié des bébés souris privés de protéine GFI1 par modification génétique. L’équipe a alors suivi le développement des cellules ciliées au fil du temps. Celles-ci n’ont jamais réussi à devenir des « cellules adultes fonctionnelles ». Au lieu de cela, elles avaient plutôt tendance à se transformer en « cellules similaires aux neurones ».
Pour Ronna Hertzano, « la recherche auditive traverse une période de renaissance. Grâce aux avancées dans le domaine de la génomique et de la méthodologie d’une part. Mais aussi à sa nature exceptionnellement collaborative entre chercheurs. »
« Nos découvertes prouvent le rôle critique de la GFI1 dans la transformation des cellules embryonnaires en cellules ciliées adultes fonctionnelles, explique la spécialiste. Ces données expliquent également l’importance de la GFI1 dans les protocoles expérimentaux visant à régénérer ces cellules à partir de cellules souches. Ces méthodes régénératrices pourraient servir pour des patients souffrant de perte auditive. En raison de leur âge ou de facteurs environnementaux tels qu’une exposition au bruit fort. »
De nouvelles recherches sont désormais menées. Elles ont pour but d’évaluer la possibilité d’utiliser cette protéine pour créer de nouvelles cellules ciliées. Des chercheurs tentent également de savoir si la protéine peut réparer les cellules existantes et ainsi traiter la perte auditive. Ce possible résultat suscite espoir et enthousiasme chez de nombreux spécialistes du domaine.
« C’est une nouvelle découverte très stimulante qui souligne l’importance de la recherche fondamentale pour préparer les futures innovations cliniques », indique E. Albert Reece de l’UMSOM. « L’identification des voies complexes qui permettent d’entendre normalement pourrait être la clé pour remédier à la perte auditive de millions d’Américains. »
Cette étude a notamment été financée par l’Institut national de la surdité et autres troubles de la communication (qui fait partie des Instituts américains pour la santé) ainsi que par la Fondation scientifique binationale.