Parce que j’ai grandi avec une perte auditive bilatérale sévère à profonde, comprendre l’humour et les blagues a toujours été un défi pour moi. Il m’a fallu du temps pour parvenir à les apprécier et à développer mon sens de l’humour. Cela ne fait que quelques années que ma famille et mes amis ont commencé à s’en rendre compte et à me dire : « Ouah, tu peux vraiment être marrante. »
L’humour aide les individus à faire face au stress et à la douleur. Il permet aux muscles de se détendre, renforce le système immunitaire, renforce la confiance en soi, réduit la peur et l’anxiété et consolide les relations. Avec de tels bénéfices à la clé, autant dire qu’il est important de pouvoir intégrer l’humour et le rire dans notre vie quotidienne. L’humour est bénéfique aussi bien pour notre santé mentale que physique.
Mais lorsqu’on souffre de perte auditive, il peut toutefois être difficile de comprendre les blagues et les histoires drôles à cause de leur tour inattendu, des jeux de mots ou de la chute finale. Il est essentiel de pouvoir comprendre clairement chaque mot pour saisir la blague. Ce qui n’est pas toujours possible quand on est atteint de perte auditive. Les indices contextuels servent à compenser. Les jeux de mots et les tournures de langage inattendues sont difficiles à saisir. Quand j’étais jeune, j’évitais toute situation impliquant la comédie et l’humour sachant pertinemment qu’il me serait impossible de les comprendre.
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Pour détecter l’humour, il est important de reconnaître l’émotion de celui qui raconte la blague ou l’histoire. La plupart du temps, la personne est animée et parle plus fort pendant son récit.
Cela dépend toutefois du type d’humour. Dans le cas de l’humour caustique par exemple, le visage du locuteur reste volontairement impassible. Il exprime le moins d’émotions possible pendant la blague. Ce manque d’émotions et d’expressions du visage est justement ce qui m’empêchait de percevoir la dimension humoristique. Je prenais la blague au premier degré, ne comprenant pas pourquoi les gens riaient. Je n’arrivais pas à saisir les comédies populaires ou les séries télévisées comme « Napoleon Dynamite » ou « The Office » pourtant très appréciées par mes pairs.
Cela ne signifie pas pour autant que je ne riais pas souvent étant enfant. Au contraire, le rire faisait partie de mon quotidien et en fait d’ailleurs toujours partie. En grandissant, je ne comprenais que certaines formes d’humour. Notamment l’humour physique ou le comique de situation où les indices visuels participent au message. Afin de renforcer mes relations avec mes amis et mes collègues, je voulais élargir mon sens de l’humour pour mieux saisir les références et les sous-entendus. C’est quelque chose qui m’a demandé du temps et de la pratique.
Lorsqu’une blague m’échappait, je demandais à quelqu’un de me l’expliquer. Généralement, la blague ou l’histoire cesse d’être drôle dès qu’on doit l’expliquer, mais cette déconstruction m’aidait à comprendre les caractéristiques et les indices de l’humour. Au fil du temps, je n’avais plus autant besoin de demander à ce qu’on m’explique les blagues ou les histoires, car je réussissais à en reconnaître les mécanismes par moi-même.
Je ne suis pas prête d’être comédienne autant le dire ! Mais je suis heureuse de savoir que je possède un sens de l’humour. J’apprécie différents types d’humour : je trouve les comédies et autres spectacles comiques divertissants. Le rire fait partie de ma vie. Après tout, on dit bien que c’est le meilleur des remèdes, non ?
Comment intégrez-vous l’humour dans votre vie ?